[...] de deux choses l'une ou bien votre chef de service va s'intéresser à ce que vous lui racontez ou bien il ne va pas s'y intéresser s'il ne s'intéresse pas ce qui est probable vous aurez perdu votre temps supposons nous en avons parfaitement le droit que votre chef de service s'intéresse à ce que vous lui racontez d'ailleurs ça n'a rien d'impossible du moins théoriquement même si de mémoire d'homme le cas ne s'est jamais présenté donc votre chef de service s'intéresse à votre idée mais évidemment de deux choses l'une ou bien il trouve votre idée positive fertile valant la peine ou bien il la trouve stupide et il va en quelques mots bien sentis vous faire comprendre que vous raisonnez comme feu pied c'est-à-dire comme un tambour c'est-à-dire avec une absence d'intelligence qui confine ou bien à la sénilité ou bien à l'idiotie congénitale remarquez bien que qu'il vous traite d'abruti de béta de crétin de dadais d'écervelé de fada de gâteaux d'habens minus d'idiot ou de jobard cela revient absolument au même à savoir que votre proposition ira au panier et que vous retournerez bredouille à votre place attendant des jours meilleurs il va sans dire qu'instruit par l'expérience vous allez améliorer votre idée de départ de manière à ce que le jour où vous aurez de nouveau l'occasion de parler à cœur ouvert avec votre chef de service il ne puisse pas tout de suite vous traiter de fils d'imbécile vous vous donnez donc quelques mois [...]
Georges Perec, L'art et la maniére d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation (p. 57-59)
OuLiPo no seu melhor, ao que parece para ler em Português a partir de Outubro, (novamente) graças à Presença. Um dia talvez alguém tenha coragem para La Disparition.
terça-feira, agosto 17, 2010
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